Le 18 juillet avait lieu le premier NeuronUP Academy avec le webinar du Docteur Juliette Hazart sur la remédiation cognitive et les addictions. Aujourd’hui, nous vous faisons parvenir les réponses de Juliette Hazart aux questions que vous lui avez posées.
Si vous n’avez pas pu assister au webinar ou que vous souhaitez le revoir, le replay est à votre disposition juste en dessous.
Certains programmes de remédiation cognitive (plutôt axé fonctions exécutives) sont-ils plus adaptés que d’autres pour des patients présentant des TCLA ?
Dans le cadre des TCLA, les fonctions exécutives sont en effet une cible privilégiée de la remédiation cognitive. Pour les fonctions exécutives : Goal Management Training, Cognitive Remediation Therapy. Les études scientifiques mettent en évidence que les interventions dans les six premiers mois doivent cibler en priorité la mémoire de travail et les capacités d’inhibition. À long terme ou en cas de déficit cognitif sévère, la remédiation cognitive cible plutôt les mécanismes compensatoires, dans le cadre de programmes intensifs et longs intégrés à un accompagnement biopsychosocial. Le programme de remédiation idéal est adapté aux difficultés du patient identifiées durant l’évaluation neuropsychologique, à ses besoins et objectifs.
Est-ce que ces troubles cognitifs sont corrélés à l’ancienneté de l’addiction ? peuvent-ils être réversibles ?
Certaines études montrent un lien entre l’ancienneté de l’addiction et l’apparition de troubles cognitifs. Le facteur de risque majeur bien documenté est la précocité de la consommation par exemple consommation de cannabis avant l’âge de 16 ans.
Grâce à des mécanismes de plasticité cérébrale encore mal connus, une récupération spontanée des fonctions cognitives se produit avec l’arrêt des consommations de substances psychoactives et dépend du temps. Concernant l’alcool, par exemple, en moyenne il y a une récupération pendant le premier mois d’abstention des fonctions attentionnelles et de la mémoire épisodique. Quant aux troubles exécutifs, ils ont tendance à perdurer à moyen et long terme. Certaines études mettent en évidence une normalisation des scores cognitifs en six mois d’abstention alors que d’autres indiquent la persistance de troubles cognitifs plusieurs années après l’arrêt de l’alcool. Les troubles cognitifs ne sont donc pas toujours réversibles, malgré un maintien de l’abstention d’où l’intérêt de la remédiation cognitive.
Si l’addiction n’est pas traitée, peut-il avoir remédiation ?
L’approche actuelle est de débuter la remédiation cognitive après l’arrêt des consommations : paradoxe entre la nécessité de ne plus consommer pour récupérer des fonctions cognitives altérées et le besoin de fonctions cognitives efficientes pour maintenir l’abstention. Cependant, cette approche permet une récupération cognitive optimale.
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